Que la fête commence ! [PV Timon]

Un bruit sourd suivit d'un chapelet de jurons retentissant troublèrent le silence du paisible Tulips Hotel en cette froide après-midi de Janvier. D'un geste rageur, Leonel descendit récupérer l'une de ses valises tombée au bas de l'escalier. Peu habitué à ce type d'exercice, le jeune homme manqua encore une fois de perdre l'équilibre sous le poids de son lourd bagage. S'agrippant avec acharnement à la rampe de bois lustré, il arriva enfin au 4ème étage. Le souffle court, il tituba jusqu'à une élégante porte sur laquelle le nombre "404" était inscrit en lettres dorées. Cette vision sembla soulager le nouvel arrivant qui sortit avec empressement la clé que lui avait remis le réceptionniste quelques minutes auparavant. A sa plus grande surprise, le serrure refusa de s'ouvrir. Sentant la colère refaire surface, Leonel passa sa main sur la poignée. Cette dernière s'actionna sans résistance tandis que la porte tournaient sur ses gonds.

Traînant ses valises derrière lui, le jeune américain pénétra dans la chambre avec l'air méfiant d'un renard qui sort de son terrier après le passage des chasseurs.
Deux lits trônaient au milieux de la pièce, séparés par une discrète table de chevet. Les murs de couleurs claires et le parquet de bois verni se mariaient avec goût tandis qu'un large bureau semblait peiné sous le poids d'une imposante télévision couronnée de deux longues antennes, conférant à l'appareil des airs de blatte géante. La salle de bain tapissée de carrelage beige était équipée d'une douche et d'un lavabo de céramique blanche.
Cette agréable mélange de formes et de couleurs eut l'effet d'apaiser l'esprit tourmenté du nouvel arrivant.
Sans plus de considération pour ses bagages, il abandonna son lourd fardeau au pied du lit de gauche et s'approcha de l'une des fenêtre donnant sur le rue. Après l'avoir rapidement étudiée, il l'ouvrit avec solennité, laissant l'air frais pénétrer dans la pièce. Un sentiment de liberté l'envahit tandis que son regard bleu se perdait dans le relief des toits d'Amsterdam. D'un geste distrait, il sortit une cigarette de sa poche, l'alluma et la glissa entre ses lèvres puis s'appuyant à l'encadrement de la fenêtre, il recrachant avec délice la fumée de ses poumons. A cet instant, il était loin de soupçonner qu'une autre personne était dans la chambre...

H.S: dsl y a que de la description, j'espère que tu t'ennuieras pas trop

Timon quitta la chambre n°404 en trombe, claquant la porte derrière lui. Vêtu d'un pantalon de velours noir, d'un polo beige et de mocassins gris, il dévala les escaliers recouverts d'un long tapis rouge bloqué à chaque marche par une barre de fer dorée.
En arrivant au deuxième étage, il manqua de finir le reste de sa course sur le postérieur mais se rattrapa de justesse à l'un des barreaux métalliques de la rambarde en étouffant un rire crispé. Après quoi, il poursuivi sa route avec modérations. Près du rez de chaussée, il sauta les trois dernières marches qu'il restait. Dans le hall, une jeune homme blond était armé de quelques valises. Tim n'y prêta gère attention, son objectif étant de connaître le programme de la soirée afin de pouvoir se préparer convenablement. Il se dirigea vers le comptoir de l'accueil et interrogea l'un des réceptionnistes qui fût incapable de lui répondre. Agacé par son incapacité, Timon lui demanda avec mépris si le programme de la semaine avait été affiché. L'employé acquiesça et désigna un panneau près de la porte d'entrée. Rassuré, il constata que rien de très important ou qui nécessitait un temps de préparation appliqué n'était prévu. Il en profita pour quitter la bâtisse et fumer sur le perron.
Une fois fini, il rebroussa chemin et gravit les marches monotones avec tranquillité.
Le jeune homme pausa son pied droit sur le palier du 4e étage en pensant qu'il devrait compter toutes les marches, une par une, pour se rendre compte de l'envergure de ce calvaire devenu familier.
En relevant la tête, il aperçu la porte de sa chambre entrebâillée. Interloqué et méfiant, Tim longea le couloir au mur laiteux jalonnés de tableaux datant du XVIIe et de portes en ébène sur la pointe des pieds, tel un espion en mission. Sur le seuil, il hésita un instant avant de s'infiltrer par l'embouchure.A agir ainsi, il se sentait en infraction alors que c'était dans sa propre chambre qu'il pénétrait comme un voleur. Lorsque tout son corps fût dans la pièce, il découvrit avec surprise une silhouette dans le contre-jour de la fenêtre ouverte. En effet, l'air était beaucoup plus frais que tout à l'heure. Tim s'approcha de quelques pas silencieux, conservant une bonne distance pour ne pas se faire repérer.
L'inconnu était un jeune homme d'environ vingt ans. Il était appuyé sur le rebord de la fenêtre et fumait avec entrain. Sa corpulence avantageuse et ses cheveux blonds qui descendaient jusqu'à l'extrémité supérieure de son coup laissaient prévoir une tête désirable. Timon resta quelques secondes ainsi, les bras ballants, ne sachant quoi faire. Soudain, il se rappela avoir entendu qu'un nouvel employé arriverait dans la semaine. C'était peut être lui. Oui, ça l'était forcement. A part la n° 404, Tim n'avait pas le souvenir d'une seconde chambre qui possédait deux lits.
Il l'observa encore quelques secondes puis se risqua :

« On s'est loupé de peu »

Spoiler:

L'esprit plongé dans une méditation contemplative, Leonel n'entendit pas son hôte entrer dans la pièce. L'idée de devoir faire chambre commune avec un étranger ne lui était d'ailleurs même pas montée au cerveau. Bien sûr il avait remarquer la présence incongrue d'un deuxième lit, ainsi que ces serviettes accrochés dans la salle de bain ou encore ce livre abandonné sur le bureau, sans parler de l'incident de la porte déverrouillée sans méfiance. Mais tout cela n'avait servi qu'à distraire le regard rêveur du nouvel arrivant qui avait pris la fâcheuse habitude d'éradiquer de sa conscience la totalité de ce genre de petites informations embarrassantes.

« On s'est loupé de peu »

Comme un enfant surpris en train de voler des confiseries, Leonel se releva avec la précipitation et la droiture d'un soldat qui se met au garde à vous devant son général. Sa surprise fut telle qu'il en oublia de recracher la fumée de cigarette emplissant ses poumons. Pris d'une incontrôlable quinte de toux, l'américain eut à peine le temps de distinguer l'agréable physionomie de son interlocuteur au travers des larmes qui embuaient ses yeux. D'une carrure fine et élégante, le jeune homme devait être âgé d'une vingtaine d'années. De beaux cheveux blonds et souples encadraient son visage androgyne tandis que son regard limpide dévisageait l'intrus au point que ce dernier en aurait frissonné s'il n'avait pas manqué de s'étouffer quelques secondes auparavant.
Du point de vue de Leonel, cet étonnant personnage avait tout d'un prince charmant exilé de son conte de fée.

Lorsque put enfin rentrer et sortir normalement de ses poumons, l'américain reprit une posture convenable et dissimula sa gêne derrière un sourire naïf. La présence de son futur compagnon de chambre l'avait passablement ébranlé dans les certitudes de son avenir proche...

« Salut, je m'appelle Leonel Blackmore et j'ai été employé comme serveur ici. » répondit l'intrus d'une voix hésitante.

A sa plus grande honte, il eut l'impression que ses dernière paroles sonnaient plus comme une demande de pardon que comme des préliminaires courtois. D'un geste discret, il déposa son mégot de cigarette dans un cendrier et tenta d'adopter une position stable et assurée. Malgré cela, il était mal à l'aise au point qu'il avait l'impression que même le son de la voix de son interlocuteur allait le faire sursauter.

En entendant le son de ma voix, l’inconnu fit volte face, visiblement surpris par ma présence.
Droit comme un « i », la ligne de son corps coupait en deux et avec symétrie la fenêtre ouverte. En se retournant, le jeune homme avait omit de respirer et s’étouffa prodigieusement avec la fumée de sa cigarette. Timon se retint de rire face à tant de maladresse. Il faut admettre que malgré la gaucherie de son nouveau colocataire, celui-ci était la copie conforme d’un adonis, à quelques détails près. Tim l’avait prédit rien qu’en apercevant sa délicate échine. On pouvait dire que le résultat était à la hauteur de ses espérances. Son interlocuteur, bien qu’il eu les yeux embués à cause de la toux, avait un regard dur teinté d’un bleu profond. Les contours de sa mâchoire étaient droit et fin comme des arrêtes. Ses lèvres sensuelles qui s’entrouvraient avec agacement pour expulser la fumée irritante furent vite rejointes par la paume d’une main allongée. L’or de ses cheveux non coiffés se fondait sur le duvet de sa peau lisse et rosée. La chaîne en argent qui s’enlaçait autour de son cou et le paquet de cigarette qui dépassait de la poche de sa veste tranchait avec son visage angélique.
Quelques secondes brèves s’écoulèrent avant qu’il ne s’annonce d’une voix mal à l’aise :

« Salut, je m'appelle Leonel Blackmore et j'ai été employé comme serveur ici. »

Timon se pinça les lèvres sous l’emprise du charme involontaire de l’inconnu. Ils se fixaient maintenant droit dans les yeux, l’un en attente d’une réponse, l’autre à la lisière d’en fournir une. Mais Tim paraissait se délecter de cet instant suspendu par le temps. Soudain, il prit conscience que son inactivité provoquait l’impatiente du jeune homme. Il passa sa main dans ses cheveux en les ébouriffant légèrement, comme pour se remettre les idées en place.
Il s’enquit, d’une voix sereine :

« Très bien, moi c’est Tim Roesijvelt. Apparemment, c’est avec toi que je vais partager ma chambre. »

Il esquissa l’ombre d’un sourire malicieux et reprit:

Bon et bien, je te laisse poser tes affaires ou tu veux un coup de main ? »

Il y a de ces pressentiments sans fondements, dont l’origine est inconnue, qui traversent l’esprit à l’instant même où l’on croise le regard de quelqu’un. Pour Timon, la personne qu’il avait en face de lui ne serait jamais, ou du moins pas immédiatement, un être avec qui il lierait une relation de confiance et d’amitié. Il le savait, il le présageait, ils n’étaient pas faits pour s’entendre. Et quoi de plus irritant que de l’ignorer. Tim s’en voulait d’avoir eu ce préjuger infondé, il espérait se tromper.

Au dehors, un rayon de lumière transperça les nuages et s’infiltra dans la pièce, créant une atmosphère étrangement oppressante.

Au fur et à mesure que le malaise de Leonel se dissipait, un autre sentiment, aussi circonspect que destructeur, s'insinuait au mépris des murailles de l'indifférence dans le cœur fragile du jeune américain que son esprit dangereusement instable animait.

- Non merci, je pense que ça ira. Répondit-il d'une voix faible tandis que ses yeux évitaient soigneusement ceux de son interlocuteur, s'accrochant au moindre détail de la pièce comme une excuse à son comportement.
Abandonnant la posture militaire qu'une gêne tyrannique l'avait contraint à adopter, le corps du nouvel employé retrouva sa souple mobilité. D'un mouvement brusque témoignant du conflit intérieur que deux despotes en guerres avaient établis dans les méandres de la réflexion syntaxique du jeune américain, ce dernier ouvrit sa valise et se saisit d'une modeste édition de Huckleberry Finn, trônant sur un pile de vêtement qu'il rangea dans l'un des placards se confondant avec le mur dont ils faisaient eux-même partis. Puis posant le livre sur la table de chevet, Leonel risqua un regard en direction du bel éphèbe. Comme leurs yeux se croisaient, un frisson d'excitation parcourut d'un bout à l'autre les membres du futur serveur qui dissimula avec empressement cette réaction derrière un éternuement discret.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Tel était la question que se posait l'américain, étendue dans son lit, les couvertures emmêlés autour de son corps filiforme qui ne cessait de s'agiter sous l'effet d'un stress incontrôlable. Tandis que l'ombre de la nuit brandissait son obscure étendar, l'esprit fièvreux de Leonel abandonnait les préoccupations futiles qui meublent la vie des jeunes gens pour s'atteler aux problèmes de coeur et de conscience qu'une incertitude angoissante venait voiler.

Fin

HS: voila, je vois pas trop quoi écrire d'autre, on verra pour un autre topic très prochainement